Résumé :
La querelle entre tenants du cinéma comme « expérience non-verbale » selon l’expression de Kubrick et cinéma qui accorde toute sa place (trop de place ?) au langage est connue, Godard s’évertuant à dire: «Mais quand est-ce que l’on les verra ces pauvres choses ? ». Et si justement le cinéma était l’art qui donne un autre statut au langage et le mêle intimement au visible ? Il n’est que de regarder les génériques des films des années 60 du même Godard pour s’en convaincre : les mots y deviennent des images. Mais, davantage encore, à entrer dans le jeu filmique, le verbe apporte autre chose : les mots s’incarnent dans le corps de l’acteur, le traversent et en sont profondément modifiés. Godard, cinéaste central sur ce sujet, nous en fait vivre l’expérience magnifique lorsqu’il filme la pudeur d’une actrice (Hannah Schygulla) qui s’essaie à chanter… l’Incarnatus est de Mozart dans Passion. Chaplin, lui, a longtemps et obstinément refusé de parler dans ses films. Mais on le sait aussi, lorsqu’il s’y est résolu, il a magistralement su dompter le discours et en faire un des éléments de sa mise en scène du monde, en utilisant la force de séduction du langage verbal. D’un autre côté, tout un pan du cinéma se passe allègrement des mots, un certain cinéma expérimental par exemple, mais également celui qui s’attache au langage du corps pour filmer la danse, nous transporter de plaisir et par lequel nous terminerons ce cycle. (Carole Desbarats)Notes :
Projection de "Scénario du film « Passion »" de Jean-Luc Godard, 1982, 54 min, et d’extraits de films.Partenariat :
Cycle réalisé en collaboration avec le service de la Parole (Centre Pompidou).