Résumé :
Depuis ses débuts, le cinéma documentaire s’est souvent attaché à représenter des réalités mineures et à faire entendre des paroles inhabituelles. Mais comment éviter que cette exposition des marges ne sanctuarise pas à plus forte raison le partage entre le centre et la périphérie, entre ceux qui montrent et ceux qui sont montrés ? Entre sous-exposition et surexposition, qui sont autant de manières d’anesthésier la sensibilité, il s’agit de repenser l’enjeu de la représentation. Par-delà la représentation comme simple discours par procuration, mais aussi par-delà la chimère d’un "cinéma direct", qui révèlerait par transparence la vérité du réel, il s’agit de repenser de quelle manière les appareils ont la capacité de nous "rendre sensibles" à ces zones de réalité qui la plupart du temps demeurent inaperçues.